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Fougères. « Verrier à la cristallerie, un métier d'artiste »

La Sirène, association de sauvegarde de la mémoire ouvrière, organise une soirée dédiée à la cristallerie.

Hyacinthe Guinard et Germaine Poisson, anciens salariés, se souviennent.

Hyacinthe

Hyacinthe Guinard. « Le plus dur, c'était la chaleur des fours. Alors, on travaillait en maillot à manches courtes. Quand j'ai commencé à travailler à la cristallerie, en 1950, j'avais 15 ans. J'y suis resté quarante-deux ans, et je suis passé presque sur tous les postes de l'entreprise. On débute généralement en étant « gamin » : dans mon cas, j'ai été affecté au poste de détacheur, c'est-à-dire que je devais tourner le verre, pour qu'il reste droit. Je suis ensuite passé cueilleur de verre, puis gobeletier. Au bout de dix ans de cristallerie, je suis devenu poseur de jambes (tiges fixées aux pieds des verres N.D.L.R.) : cela signifie que j'étais le chef d'une petite équipe de verriers. J'ai tout appris sur le tas, en me formant, le samedi.

Au début de ma carrière, on commençait les journées vers 6 h 30, pour finir vers 16 h 30, avec une pause casse-croûte et pour déjeuner, le midi. Je me souviens surtout voir sortir de l'usine des limonadiers. Au fur et à mesure des années, la cadence de production est devenue plus soutenue : on fabriquait alors des vases, des coupes à fruits et beaucoup de flacons, qui étaient ensuite vendus à des grands parfumeurs. Moi, je n'ai travaillé que du verre, jamais de cristal. Mais je peux vous dire qu'être verrier, c'est un métier d'artiste... Justement, cela m'a toujours étonné : à l'époque, beaucoup de Fougerais ignoraient l'existence de la cristallerie. Pourtant, on était presque deux cents à y travailler, en 1968 !

Mes années à la cristallerie ont aussi été rythmées par mon engagement syndical à la CFDT. En fin de carrière, j'ai été affecté sur un poste d'agent polyvalent, au sein de l'atelier femmes. Là, j'ai appris à couper le verre, à faire du polissage... Ca m'a changé de la halle aux fours où les températures pouvaient atteindre les 50 degrés ! Aujourd'hui, je vis dans l'immeuble qui avait été construit dans les années cinquante pour les verriers, juste en face de la cristallerie. Quand elle était encore debout, il suffisait de regarder la grande cheminée par la fenêtre pour prévoir le temps qu'il allait faire. Si ça fumait côté gare, c'est qu'il allait faire beau... »

Germaine Poisson. « Je suis rentrée à la cristallerie après vingt ans passés dans la chaussure. J'étais trieuse de verre : mon rôle était de vérifier que les produits n'avaient pas de défauts, avant qu'ils partent à la coupe et à l'emballage. Cela, c'était des opérations assurées dans l'atelier femme, là où se trouvent la Trésorerie et le Pôle emploi, aujourd'hui. Le bâtiment a été entièrement rénové, c'était le plus vieux bâtiment de la cristallerie. Mais j'aurais bien aimé qu'on ne démolisse pas la cheminée. Ca nous aurait fait un souvenir... »

 

Recueilli parClaire ROBIN

 

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