Dans bien des industries, « faire de la perruque » est une activité connue. Il existe pour les ouvriers une tolérance – non reconnue officiellement par les chefs d’entreprise – à détourner une infime partie des matériaux de l’atelier et de les façonner avec le matériel du lieu de travail selon les occasions. Si la perruque de métal est connue, celle de verre l’est beaucoup moins. Elle prend en cette circonstance la dénomination de bousillage avec cette différence fondamentale qu’il s’agit bien de verre, mais travaillé sur le temps libre du verrier. Sa concrétisation au travers de nombreux bousillages – le terme désigne à la fois l’objet et l’action – commence à fleurir dans les logements ouvriers verriers à partir du dernier tiers du XIXe siècle. Et que ce soit en gobeleterie (service de table), bouteillerie, flaconnage voire verre à vitres, le verrier fait montre d’une grande imagination, tant que la pièce fabriquée diffère de la production habituelle de l’établissement dans lequel il est employé. Or, aujourd’hui, seuls quelques amateurs éclairés comprennent ce que bousillage signifie. Pour la majorité de nos contemporains, cela rime davantage avec destruction plutôt qu’avec création. Grâce aux nombreuses pièces de bousillage qui constituent des collections à part entière au Musée du verre de Charleroi (Belgique) ou au Musée-atelier départemental du verre à Sars-Poteries (Nord, France), il devient possible de documenter et de comprendre une pratique de détournement technique dans le quotidien du travail.
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